lundi 4 mai 2015

Histoire de Pleyel. Chapitre II/IV

Après le 1er chapitre.


Deuxième pionnier : Camille Pleyel (1788-1855).
Pianiste et compositeur, il va grâce à de nombreux échanges avec les facteurs d'instruments des grandes villes d'Europe, donner de nombreux concerts mais aussi imaginer puis concevoir les pianos les plus évolués, le son le plus raffiné grâce à des inventions techniques qui seront le sujet d'une vingtaine de brevets.

En 1827, l'usine Pleyel compte 60 ouvriers et produit 108 pianos par an. Fier de son succès, Camille pense qu'il est temps d'avoir un salon de musique à lui, où le public pourra entendre ses pianos et ses musiciens. Il s'installe 9 rue Cadet dans l'hôtel particulier Cromot du Bourg. Un an plus tard, le premier concert présente Marie Moke une jeune pianiste jolie et talentueuse, alors fiancée à Berlioz, et dont il s'éprend !

L'année 1831 sera capitale pour lui : il épouse Marie Moke, perd son père qu'il enterre au Père Lachaise et rencontre Chopin. Ce jeune pianiste polonais récemment arrivé à Paris, installé dans deux petites chambres sous les toits, a besoin d'un piano. Il se rend à la maison de location des pianos Pleyel et choisit un piano capable de s'accommoder de l’exiguïté de son logement.

Pour choisir son instrument, il joue son propre concerto en mi mineur fraichement composé, sur plusieurs modèles ; les loueurs de pianos sont très impressionnés et organisent une rencontre avec le patron. A partir de cette rencontre, un chapitre nouveau de l'histoire du piano s'écrit.

" Camille Pleyel conscient des qualités exceptionnelles de ce jeune prodige, comprend qu'il vient de rencontrer l'interprète idéal pour mettre en valeur la poésie sonore de ses instruments " Pleyel, la passion d'un siècle de Jean Jude.

Il organise un concert pour Chopin dans le salon Pleyel en février 1832. C'est le premier concert de Chopin à Paris. Le salon contient 100 places. Il n'est pas plein, une menace de choléra s'abattant sur Paris. Cependant Liszt, assistant au concert, écrit : " les applaudissements les plus redoublés ne semblaient pas suffire à notre enchantement en face de ce talent qui révélait une nouvelle phase dans le sentiment poétique et de si heureuses innovations dans la forme de son art ".

Et Antoine Orlouski, ami de Chopin d'écrire : " notre cher Frédéric a donné un concert qui lui a rapporté un peu d'argent et beaucoup de gloire. Il a écrasé tous les pianistes de la capitale. Paris en est stupéfié ! ".
Les grands de ce monde se pressent pour acheter des pianos Pleyel. Des revendeurs Pleyel s'installent à New York, en Suède, à Madrid, à Naples. De Paris on expédie des pianos à Varsovie, à Tunis, à Mexico. Chopin devient le professeur de piano le plus apprécié de Paris, les meilleurs pianistes veulent ses conseils. Pleyel publie ses compositions, Chopin reçoit 10% du prix des pianos Pleyel vendus. l'impact artistique rejailli sur l'impact commercial, les finances sont florissantes. Chopin adore les plus petits pianos de Pleyel "le pianino" sur lequel il donne ses cours et avec lequel il voyage. Il surnomme Camille Pleyel " le chérissime ". Chopin et Liszt joue ensemble.
Un soir de 1836, Liszt présente Georges Sand à Chopin. Un amour mythique éclate entre Paris, Nohant, Majorque. Chopin fait des concerts en province et chaque fois le public est émerveillé. Encore plus de leçons demandées, encore plus de pianos vendus.
La recherche artistique entre les pianistes virtuoses et les techniciens de l'usine Pleyel, entraîne des progrès fulgurants. De nouveaux modèles de mécaniques, de nouvelles formes de pianos.
En 1834, Camille décide de s'agrandir et achète un important terrain rue Rochechouart, afin d'y faire construire des ateliers de fabrication, des salons de vente et une salle de concert de 300 places. Pour financer ces travaux, il met en vente son commerce d'éditions musicales.

Cinq ans plus tard, inauguration du nouveau salon qui va s'appeler "Salle Pleyel", sise au 22 rue Rochechouart. C'est là que se produiront, outre Liszt et Chopin, Cesar Franck, Rubinbstein, Saint Saïens, tous les grands.
En 1848, Chopin fait une ultime tournée de concerts au Royaume Uni. Sa santé déclinant, il jouera pour la dernière fois à Paris chez Pleyel, le 16 février. Il mourra l'année suivante, place Vendôme, au lieu des actuels salons Chaumet. Ses funérailles seront célébrées à l'église de la Madeleine, le requiem de Mozart l'accompagnera.
En 1855, l'entreprise Pleyel reçoit la médaille d'honneur à l'Exposition Universelle à Paris. On produit alors 1200 pianos par an. Le 4 mai, Camille qui occupe l'appartement du 1er étage au dessus de la salle de concert, se lève très tôt comme à son habitude. Pourtant, il ressent une grande lassitude. Il se rend aux portes de ses ateliers pour ouvrir à ses ouvriers lorsque tout à coup, une immense douleur traverse sa poitrine. C'est une crise cardiaque, il meurt sur le coup. Il a 67 ans. Son directeur de l'usine, Auguste Wolff, va prendre sa succession.

A suivre….


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