mercredi 29 avril 2015

Pleyel, c'est toute une histoire !

Chapitre I/IV
Par Carla Maria Tarditi

L'architecte Le Corbusier affirma que la famille Pleyel avait construit l'auditorium idéal. Pour comprendre cette oeuvre architecturale, il faut plonger dans l'histoire de Pleyel, des pianos et de ses musiciens. L'histoire comporte quatre entrepreneurs de génie. Le premier des pionniers c'est Ignaz Pleyel (1757-1831). 
Autrichien de Ruppersthal, dernier né d'une famille de 24 enfants, sa naissance coûta la vie à sa mère. Elevé par ses soeurs, il montre des dons exceptionnels pour la musique et part à Vienne, étudier chez le compositeur Joseph Haydn, lui-même au service de la plus riche famille d'Europe, la famille Esterhazy. Logé au château Esterhaza qui comprend 126 pièces, une galerie de peinture, un opéra de 400 places et un théâtre de marionnettes, c'est sous la douce attention de "papa Haydn" qu'Ignaz Pleyel étudie la composition. Il assistera à la création des opéras et des symphonies de son maître. Les Haydn n'ayant pas d'enfants, il bénéficie d'une aimante attention. C'est ainsi qu'Ignaz Pleyel écrira son premier opéra pour marionnettes ! A 20 ans, Ignaz a achevé sa formation musicale ; il entre au service du Comte Erdoedy au château de Fidisch, près de la frontière austro-hongroise. C'est là qu'il compose ses deux premières symphonies. Il s'intéresse à un genre très en vogue à l'époque : le Nocturne, musique que l'on joue le soir en plein air. Ignaz compose plusieurs nocturnes pour cors et hautbois pour le parc du Château de Fidisch.
Mais bientôt, ce lieu lui semble trop petit, il a envie de voyager et part pour l'Italie comme Mozart le fit avant lui. Il fit halte à Milan, Naples, Rome et se lie d'amitié avec les grands musiciens.
En 1783, il est appelé à assister le vieux maître de chapelle de la cathédrale de  Strasbourg, riche évêché de France.A sa disposition, l'orchestre et le choeur les plus importants de France après ceux de la chapelle royale de Versailles.
En acceptant ce poste, Pleyel hérite du droit de Bourgeoisie, c'est à dire de la citoyenneté française et Ignaz devient Ignace. Il se marie à la fille d'un ébéniste aisé. Il composera 41 symphonies, 2 opéras, 64 duos et avec Rouget de l'Ilse, l'hymne national français "la Marseillaise".

En 1797, il s'installe à Paris, quartier de la Chaussée d'Antin. Voyant les énormes bénéfices que se font les marchands en vendant sa musique, il décide d'ouvrir une boutique d'éditions musicales. Paris était alors la capitale européenne de l'édition musicale avec 40 maisons d'éditions. Il publie ses oeuvres dont les premières sont dédiées aux demoiselles Erard. Il crée la partition de poche à prix réduit, bien utile aux chefs d'orchestres ! et imprimera plus de 3000 titres.

Sa renommée de compositeur est largement reconnue en Europe puisque Mozart écrira à son père : " ce serait un hasard bien heureux pour la musique si Pleyel était un jour en mesure de remplacer Haydn ".

En 1798, Pleyel déménage pour un local plus grand, rue Neuve des Petits Champs, où il pourra y établir son appartement, sa boutique d'éditions et y ajouter une nouvelle activité : la vente d'instruments. Certes, il a acheté pour son fils aîné Camille aussi doué pour la musique, plusieurs pianos de marque Frard, mais aussi des violons, trompettes, flûtes, clarinettes, etc.....

Son fond de commerce prospère et suscite des jalousies chez ses concurrents. On lui fera un procès qui durera 6 ans. Le succès des éditions Pleyel est tel qu'Ignace achètera, à bon prix, de nouvelles oeuvres qu'il éditera et ainsi, augmentera d'autant sa réputation internationale.

En 1807, Beethoven écrira à Pleyel pour lui demander d'éditer plusieurs de ses oeuvres. Mais cela ne suffit pas encore à sa créativité, il décide de s'associer à Charles Lemme, facteur de pianos à Paris pour créer ses propres pianos.
C'est un risque car il entre en concurrence avec une trentaine de facteurs de pianos parisiens, dont les Erard qui ont déjà à leur actif 6000 pianos. Le contrat stipule que Pleyel avance les fonds de la société et Lemme son savoir.
Les ateliers s'installent Faubourg Saint Martin en 1806. Ils fabriquent un seul  piano ensemble, le contrat sera rompu et Ignace continuera son aventure seul ; sacré caractère ! Il loue un nouveau local au 8 boulevard Bonne Nouvelle, et avec deux ouvriers, construit en 1809 une vingtaine de pianos.

L'année suivante, il dépose son premier brevet d'invention sur un procédé nouveau de fabrication de cordes. Son brevet est accepté. En 1811, il livre entre autres, deux pianos à Jérôme Bonaparte qui le nommera "Facteur du Roi de Westphalie". Un vent de modernisme souffle sur la fabrication Pleyel car Henri Pape, allemand et ébéniste de formation, entre chez Pleyel pour apprendre la facture instrumentale, évolue très vite et devient contremaître. Il adapte le système de Broadwood, facteur anglais, pour la fabrication des pianos qui sont alors carrés, à queues et verticaux.
En 1815, on a déjà fabriqué 350 pianos et on change à nouveau de local pour un plus grand sur le boulevard Montmartre.

Les éditions Pleyel font des bénéfices importants, le fils Camille, concertiste et  compositeur, voyage de par le monde. Ignace désire que son fils revienne à la maison et soit associé à la direction. En 1820, le père annonce par voie de presse qu'à partir de ce jour, toutes les opérations commerciales seront faites sous le nom d' "Ignace Pleyel et Fils aîné". La santé du père décline, Camille est aux commandes. C'est la fin du règne d'Ignace Pleyel.

à suivre….

lundi 20 avril 2015

Devinettes !

- La Caisse des Dépôts refuse de reprendre l'Orchestre National (Les Echos 25/03/15).
Notre orchestre national : SDF
La Salle Pleyel : fermée
Vous devinez la solution ?
L'un rentrant dans l'autre...


- Le Ministère de la Culture dépassé...
La Ministre sourde et muette...
Vous devinez la solution ?
Privatiser les services musicaux et faire tourner les orchestres grâce à un encadrement compétent, formé, enfin ! de musiciens professionnels.


- Nos politiques par leur volonté d'affaiblir les artistes français : musiciens, architectes (dont même le créateur de la Philharmonie a été débouté de sa légitime création), enseignants, écrivains…., démontrent avec cynisme leur dédain pour la pensée française.
Vous devenez la solution ?
Associer le capital privé aux talents.
C'est ce que nous enseigne l'histoire, la technocratie n'étant qu'une malheureuse invention actuelle.